Peut-on prévoir le futur dans les domaines économiques, sociaux, politiques, technologiques, démographiques…? Si, pendant longtemps, il était possible de dégager les grandes tendances, parce que le futur ressemblait beaucoup au passé, prévoir le futur (du moins à court et moyen terme), c’est, aujourd’hui, un exercice de plus en plus aléatoire, même avec les méthodes de prospective les plus fiables. On peut identifier dix raisons principales pour lesquelles cet exercice reste périlleux et le sera de plus en plus.
1. L’IMPACT DE LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
Par rapport aux trois autres (machine à vapeur, électricité/pétrole, informatique), la révolution numérique a trois caractéristiques : sa rapidité (chaque technologie nouvelle en engendre d’autres, encore plus puissantes), son ampleur et sa profondeur, et son impact systémique (tous les secteurs sont concernés).
2. LA TRANSFORMATION RAPIDE DES MODÈLES D’AFFAIRES
Les modèles digitaux s’opposent aux modèles historiques, avec l’automatisation, la valeur des données, le poids des clients et de leurs expériences, la puissance des plateformes, les effets de réseaux,
la coopétition, le cloud… Les ruptures apparaissent beaucoup plus rapidement qu’auparavant et sont donc difficiles à anticiper.
3. LA RECONFIGURATION PERMANENTE DES ÉCOSYSTÈMES
On le voit avec la profusion de start-up, et chaque vague technologique fait naître des leaders, qui sont eux-mêmes ensuite challengés. Il est devenu de plus en plus délicat de conserver durablement des positions acquises, même pour les grands acteurs.
4. LA FORTE CROISSANCE DES VOLUMES DE DONNÉES
Outre l’effet quantitatif, les flux d’informations ont quatre caractéristiques principales : ils augmentent de façon exponentielle, sont de plus en plus dépendants les uns des autres, ils circulent selon des modes multi-canal et multi formats et le poids des informations non structurées devient dominant.
5. L’INNOVATION DEVIENT EXPONENTIELLE
Autrement dit, on ne peut imaginer une trajectoire linéaire, l’innovation peut venir de n’importe où et il est impossible d’anticiper comme elle va transformer les modèles de coûts, la relation client, les ressources, les technologies existantes… Ce que l’économiste américain Andrew McAfee exprime de la façon suivante : « L’humain perd, a priori, la notion de la mesure qu’il peut appréhender avec les seules intuitions ou expériences ».
6. LA PLACE DU NUMÉRIQUE DANS LES ORGANISATIONS
Quasiment toutes les fonctions dans une entreprise sont informatisées (on le voit avec la diffusion des ERP…) et les systèmes d’information doivent évoluer à la vitesse du client, sur fond de transformation digitale. D’où une croissance significative et régulière des dépenses en technologies de l’information. Mais il reste difficile d’anticiper l’évolution des usages.
7. L’INSÉCURITÉ PERMANENTE
Les deux-tiers des entreprises ont déjà subi des cyber-attaques et les menaces sont plus insidieuses et sophistiquées. L’environnement des organisations se définit par quatre caractéristiques : la volatilité (avec des situations instables de durées inconnues, par exemple une crise sanitaire), l’incertitude (les causes et les effets d’un événement sont mal connus, par exemple lorsqu’un nouvel entrant arrive sur un marché), la complexité (trop de parties prenantes, trop de processus, trop d’interdépendances…) et l’ambiguïté (les relations causales entre plusieurs événements sont inconnues).
8. LA TENDANCE À LA MONOPOLISATION/OLIGOPOLISATION
Si l’on prend l’exemple du cloud, les deux plus gros acteurs captent les deux-tiers du marché de l’IaaS, et cette proportion continue à augmenter. Ce n’est pas encore le cas pour les ERP, les deux leaders (SAP et Oracle) représentent 40 % du marché. Mais, dans ce domaine, la dépendance s’exprime par leur poids dans les systèmes d’information des grandes entreprises. L’incertitude sur le futur concerne l’évolution de la stratégie (et si Elon Musk rachetait SAP ?), des pratiques commerciales, des tarifs et des roadmaps… Qu’en sera-t-il dans cinq à dix ans ? Personne ne peut l’anticiper, même pas les acteurs concernés.
Article publié par Anthony Guillot,
Responsable Communication & Image – USF
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